Après deux petits rounds d'observation, les hostilités peuvent véritablement commencer entre le duo Zampella/West et Activision, à l'occasion d'un troisième round épique. 

L'éditeur américain a enfin sorti les gants et répondu "fuck you" à la plainte déposée il y a quelques semaines par les deux anciens dirigeants d'Infinity Ward, Activision a ainsi décidé de poursuivre aussi en justice ses deux anciens employés. Selon l'éditeur, Zampella et West n'auraient pas reversé les bonus qui étaient dus à leurs employés et auraient tout gardé pour eux les méchants, et ce dans le but de faire pression sur leurs collègues afin des les pousser à les rejoindre ensuite dans la formation d'un nouveau studio.

Actisvion estime que les deux hommes ont également tout fait pour torpiller la promotion et la publication de Modern Warfare 2 en critiquant l'éditeur et en l'excluant de la phase de production. Enfin, il apparaîtrait aussi que Zampella et West auraient délibérément retardé le mise en pré-production de Modern Warfare 3, alors même qu'aucun contrat n'a été signé entre Infinity Ward et Activision pour développer cette suite.

Des accusations bien entendu rejetées en bloc par Robert M. Schwartz, l'avocat de Jason West et Vince Zampella dans cette affaire.

On était déjà paumé mais alors ça devient vraiment un beau bordel. Et attendez ce n'est pas fini...

Quoi qu'il en soit c'est maintenant à la justice américaine de mettre au clair toute cette histoire et de déterminer qui sera le grand vainqueur.

Pour rappel, West et Zampella réclament les 36 millions de dollars de royalties qui leur sont dus d'après leur contrat et le contrôle total de la licence Modern Warfare.

D'ailleurs les deux compères n'ont pas attendu l'issu du procès pour se remettre en marche puisqu'ils viennent juste de fonder un tout nouveau studio au nom très évocateur, Respawn Entertainment... remarquez, après 2015 et Infinity Ward, ils ne pouvaient trouver qu'un nom tout aussi nul.

Pour enfoncer un peu plus le clou, ils annoncent aussi avoir signé un partenariat exclusif avec Electronic Arts, le meilleur ennemi d'Activision. Le premier jeu de Respawn Entertainment sera donc entièrement financé par EA.

Vince Zampella est bien sûr très heureux de pouvoir démarrer cette aventure : "Respawn Entertainment marque un tout nouveau départ pour Jason et moi. Durant la dernière décennie nous avons dirigé une grosse équipe de développement et nous avons à cœur de créer une franchise épique. Nous sommes très fières de ce que nous avons créé, mais aussi que des millions de fans aient apprécié nos jeux. Aujourd'hui nous espérons bien tout recommencer, ouvrir un nouveau studio, recruter une bonne équipe et créer de nouveaux jeux avec un nouveau partenaire, EA."

Que de nouveautés !

De même, Electronic Arts se réjouit de ce partenariat : "C'est le début d'un grand partenariat de publication." Selon Frank Gibeau, président de EA Partners. "Jason et Vince sont deux leaders créatifs dans l'indutrie du divertissement. Chez EA, nous sommes honorés d'être leurs partenaires et de leur donner le support dont ils ont besoin pour recruter une équipe et retourner faire des jeux incroyables."

D'autant que Respawn Entertainment sera seul propriétaire de la licence que le studio va créer d'après les termes du contrat le liant à EA. Même si West et Zampella ne savent pas encore ce qu'ils vont bien pouvoir développer.

Seule certitude, ce sera une toute nouvelle licence et il n'est pas question pour eux de travailler sur des FPS militaires existants déjà chez EA, Medal of Honor et Battlefield inclus. "Ce n'est pas une option, ces gars vont poursuivre leur propre licence, ils ne ne joueront aucun rôle dans le développement de ces franchises", toujours selon Frank Gibeau.

"Nous somme excités à la possibilité de contrôler chaque jeu à venir basé sur cette licence. Nous ne savons par encore ce que nous allons faire. Nous n'avons pas encore décidé de quel jeu il s'agira, de quelle licence ça va être. Mais nous pensons que c'est une bonne chose pour nous et notre processus créatif." Vince Zampella.

Actuellement il n'y a donc chez Respawn que deux employés, Zampella et West, aucun calendrier de développement, aucun projet, aucune plateforme de jeu visée. Pas grand chose en fait, simplement un nom, un site web  (et encore) et un partenaire financier. On assiste au démarrage d'un nouveau studio et il faudra sans doute attendre quelques mois avant de connaître ses projets et des années avant de les voir se concrétiser.  

Une seule ligne directrice tout de même pour le moment pour Jason West, sans doute issue des leçons tirées de l'aventure Call of Duty : "Un jeu qui sort doit être une grosse affaire mais ne doit pas être exploité massivement" (et pan dans les dents Activision) en réponse à Kotaku.

Activision a bien évidement tenu à réagir à la formation du studio et à son partenariat avec EA, histoire de dire quelque chose et de prendre acte : "Cet accord n'est pas une surprise pour Activision compte tenu de la myriade d'activités impropres détaillées dans la contre-plainte déposée vendredi contre Jason West et Vince Zampella. Nous nous réjouissons de continuer à travailler avec Infinity Ward au talent reconnu sur d'excitants nouveaux projets"... pour ce qu'il va rester de Infinity Ward à vrai dire parce qu'avec la fondation de Respawn Entertainment, les employés de IW vont sans doute être tentés de poursuivre l'aventure ailleurs et avec comme argument le financement complet de son premier projet par EA et la conservation de tous les droits sur ses créations, Respawn est assurément une société très tentante en ce moment.

Et justement, deux nouveaux membres d'Infinity Ward viennent d'abandonner le navire, après les départs de Todd Alderman et Francesco Gigliotti la semaine dernière, c'est désormais au tour de Mackey McCandlish, lead designer et lui aussi un ancien du studio 2015 qui a participé à la fondation d'Infinity Ward, et Jon Shring, ingénieur programmeur qui avait rejoint la société en 2004 pour travailler sur Call of Duty 2. Même s'ils n'ont pas annoncé leur intention de rejoindre leurs ex-patrons au sein de Respawn, il est fort probable qu'on les y retrouve dans quelques temps.

Ce troisième round fut donc particulièrement riche et Jason West et Vince Zampella ont sans aucun doute pris un avantage certain sur leur adversaire Activision, même s'ils ne sont pas assurés de remporter leur procès, ils portent un coup à leur ancien employeur en fondant un nouveau studio et en faisant de l'œil à leurs anciens collègues de chez Infinity Ward. Activision pourrait bien perdre l'un de ses tous meilleurs développeurs et avec lui l'une des licences les plus juteuses, en plus de son procès.

L'avenir de Call of Duty est malheureusement de plus en plus sombre avec ces histoires.