Call of Duty : Black Ops II arrive demain et les joueurs commencent à zoner les boutiques pour l'avoir le plus tôt possible. Une rengaine devenue désormais un rituel immuable. Modern Warfare 3 a donc vécu. Mais a-t-il bien vécu ?
Car au contraire des précédents, le dernier opus de la saga Modern Warfare a été loin de combler les attentes d'une communauté certes sans recul sur le jeu mais restant exigeante avec cette série sans équivalent à l'heure actuelle.
Nous allons donc faire le point sur cette année 2012 de Call of Duty, sans doute la meilleure pour les détracteurs de la série, à oublier pour les aficionados.
Petit rappel tout de même, permettant de poser les bases de notre article. Modern Warfare 3 a été développé dans un contexte très particulier. En toile de fond, les démêlés entre Activision et les créateurs de MW, Vince Zampella et Jason West, mêlant espionnage industriel, licenciement, versement de royalities, etc… aboutissant aux départs des géniteurs de la série avec leurs plus proches collaborateurs vers Respawn Entertainment, fraichement monté. On se retrouve donc avec une équipe d'Infinity Ward amoindrie, composée des "seconds-couteaux", talentueux mais sans la tête pensante, garante de l‘identité de la franchise, associé à deux autres studios pour la partie multi.
On récapitule :
Pour le solo, on retrouve Infinity Ward donc, chargé de clore en beauté l'histoire initiée en 2007, Sledgehammer Games pour le multi, soumis a un renouvellement sans bousculade de l’identité de la série, renouvellement attendu par les joueurs, Raven Software pour les contenus supplémentaires du jeu, distribués par CoD Elite, lui-même développé par Beached Studios.
4 équipes pour un même jeu, développé sur 1 an et demi par un studio dont l'effectif est réduit, et d'autres pour lesquels MW3 est le premier CoD. La chose paraît mal engagée avec le recul.
I. Le solo et le Spec Ops
Intéressant plus de joueurs que l'on ne peut le croire, le solo tiendra toutes ses promesses. Clôturant impeccablement la série et ramenant Makarov au premier-plan, traqué par les infatigables Price et Soap, Infinity Ward montre une fois de plus sa maîtrise des scénarios américains. Ces histoires de soldats ordinaires devenus héros par leurs actes de bravoure dans des passages hollywoodiens à couper le souffle. Malgré quelques séquences déjà vues, l'histoire redevient cohérente, reliant CoD4 jusqu' alors très indépendant par rapport à la trame générale et donnant beaucoup plus de profondeur aux personnages principaux, seuls contre tous. On en prend pleins les yeux, la WWIII n'épargne personne et l'assassinat de Makarov, particulièrement violent, apparaît comme un aboutissement. C’est techniquement fini et fignolé, une fois de plus. Sans creuser l’écart avec MW2 qui avait brillé par ses détails à foison, les graphismes de MW3 servent très bien le scénario avec des animations impressionnantes de réalisme et des effets simples mais propres. Ca commence à accuser son âge mais c’est encore très correct.
Le Spec Ops, basé sur des missions reprenant certaines du solo (ou des inédites) et le mode Survival ont fait le boulot, souffrant d'un manque de profondeur évident et assumée par rapport au mode Zombie de Treyarch.
Vous l'aurez compris, la partie solo et coopérative de Modern Warfare 3 est dans la lignée de ses prédécesseurs et les a même dépassées. Une très bonne évolution.
II. Le multi
Sur le papier, le multi de Modern Warfare 3 n’est pas « moins bon » que les précédents. Il est simplement différent. Sur le papier seulement.
Pour comprendre notre raisonnement, il faut savoir ce qui définit la série. Call of Duty, et peu importe ce qu’en dise les trolls sur internet, est un FPS frénétique sur des maps de tailles moyennes, permettant de foncer dans le tas ET de la jouer stratégique via des contournements placés.
Or, il est clair que Sledgehammer s’est planté sur les 3 points les plus importants pour ce type de FPS : les maps, les respawns et les killstreaks.
Equilibrée correctement, une map de CoD c’est un axe principal entouré de plusieurs passages flagrants ou dissimulés, permettant des combats en face-à-face, en diagonale, dynamique ou retranché. Et cette multitude de passages et de variété de combat devient un atout peu souvent mis en avant mais indirectement lié au succès du jeu. Car il y a toujours un endroit non surveillé par l’adversaire permettant d’ouvrir une brèche dans son dos ou sur son flanc, ou à couvrir pour les snipers. Tout le monde y trouve son compte comme vous pouvez le voir sur la map Crossfire dans le schéma ci-dessus. Sous Modern Warfare 3, et c’est le premier défaut, les maps n’ont plus cette multitude de possibilités. Si on prend Mission comme exemple, on note 2 axes principaux archi-fréquentés et 3 axes secondaires qui ne mènent QUE dans le dos de l’adversaire et dont certains sont inaccessibles en pratique. Ce sont de vraies maps couloirs où les joueurs s’affrontent en face-à-face à coup de Semtex, grenade aveuglante et PM. Le peu de dynamisme théorique des parties est contrebalancé par un autre défaut récurrent : les réapparitions.
Autrefois basés sur une majorité de joueurs dans une zone précise, proche sans trop l’être du front (évitant de courir pendant des plombes ou de se faire flinguer immédiatement), le système de MW3 est, lui, complètement aléatoire. Ainsi, la partie est systématiquement balancée et déséquilibrée par les points de réapparition. Les joueurs courant de partout, les respawns sont anarchiques et retrouver un ennemi tué juste avant dans son dos est monnaie courante. L’ensemble empêche donc les stratégies de contournement, déjà très restreintes par l’architecture et la taille des maps. Pour survivre, on est donc contraint de sélectionner des éléments nous dissimulant des adversaires ou nous procurant puissance de frappe et mobilité, pour se sortir des situations périlleuses dans lesquelles le jeu nous met (et non dans lesquels le joueur se met). Indirectement, cela favorise un style de jeu : celui du rusheur qui est toujours en mouvement et prêt à se déplacer, et ce au détriment du « campeur » qui bouge moins souvent, plus discrètement et sans se faire repérer. Concrètement, c’est cours ou crève !
Troisième défaut et non des moindres : les killstreaks. Sledgehammer a eu une très bonne idée d’en proposer 3 types différents, permettant d’apporter de la stratégie pour la série de soutien, de favoriser le jeu solo pour les spécialistes et un compromis entre les deux avec la série d’assaut. Malheureusement, proposer des bombardements et des multitudes de support aériens n’a fait qu’amplifier le problème de la taille des maps. Ainsi, une partie devient vite injouable avec un ou deux joueurs débloquant coup sur coup des bombardiers furtifs et autres nuées d’hélicoptères. Intraitables, les déclencher revient donc à démolir plus qu’à affaiblir l’adversaire qui ne peut pas les éviter efficacement, n’ayant que peu de refuges disponibles. Ainsi, en favorisant une personnalisation avancée permettant de varier les styles de jeu et les récompenses, Sledgehammer les a uniformisés en sabotant son principe par des maps trop petites.
Finalement, le bilan du multi reste assez lourd. Car si techniquement le jeu est dans la lignée des précédents, on doit ajouter à la longue liste des défauts le matchmaking et le fameux « lag compensation », pénalisant l’hôte par un retard dans les actions réalisées et la persistance à proposer des PM Akimbo (alors que cela suffirait pour les armes de poing). On pourrait parler du gameplay également mais il est difficile de le classer dans les défauts puisque CoD devient une série accessible à tous le monde et pas seulement aux gamers, justifiant le manque de profondeur et l’ennuie éprouvé par les joueurs récurrents.
III. La communauté
On le sait, un joueur de FPS ne résonne plus avec son cerveau mais avec son ratio. Et si celui-ci est anormalement bas, ce n’est pas l’approche du joueur qui va changer mais son avis sur le jeu. Déroutant.
D’autant plus que la majorité des joueurs n’ont pas cherché à prendre MW3 dans le bon sens, se contentant d’y jouer comme ils ont joué pendant 2 ans à MW2 et BO.
En soit, c’est ce que tout le monde attend. Un jeu dont les fondements ne changent pas (ou peu) mais dont les ajouts sont assez conséquents et pertinents pour devoir (ou avoir l’impression de devoir) tout réapprendre.
Le résultat ? On le connait. On a assisté à une lassitude aussi rapide qu’imprévue de la communauté, accentuée par un réveil de la concurrence (bien que trèèès différente, BF3 a attiré du monde principalement grâce à son moteur graphique !) et les critiques des « mages » de la communauté Youtube : Diablox9, Squeezie... Ils y sont tous allés de leurs critiques autour de cet opus différent, emmenant avec eux ces fans aveugles, incapables de se faire un avis sur le jeu, suivant simplement l’avis populaire. Vous me direz que ca a toujours été le cas, que le dernier des opus ne dévoilera son jus qu’une fois la plus grosse partie du troupeau partie voir ailleurs. Oui. Certes. Mais avec une telle ampleur, ce fut une sacrée surprise.
Notons enfin le désintéressement total des développeurs pour la plateforme PC, systématiquement servie en dernier, ne pouvant pas profiter du service Elite car non-développée (et ce ne sera pas pour Black Ops II non plus malgré différentes annonces) et supportant des serveurs dédiés… unranked. Parler d’un Mod Tools serait pure folie.
IV. CoD Elite : un bilan vraiment mitigé par Xender61
Elite, c’était la grosse nouveauté d’Activision. L’idée étant de proposer aux joueurs un réseau social officiel pour CoD. Regroupant des stats évolués, un système de clans (remplaçant les forums de team), des défis, des événements réguliers (concours, etc…), et du contenu supplémentaire mensuel. Le projet était ambitieux. Mais force est de constater que ce ne fut pas une réussite.
En cause, l’incroyable succès rencontré au lancement. Etonnement, tout le monde s’est plaint de la multitude de DLC vendus sur MW2 et BO mais tout le monde a souscrit à Elite pour profiter de DLC dont on ne savait rien en Novembre 2011, si ce n’est la période de parution. Le lancement fut donc chaotique : les serveurs étaient à la traîne, les stats n’étaient pas actualisés et les événements indisponibles ou inaccessibles pour la majorité. Activision a reconnu avoir été dépassé par les événements et corrigea le tir près de trois mois après le lancement. Mais le service reste clairement en dessous des équivalents d’EA Games avec le Battlelog ou l’Autolog, qui offrent des mises à jour de stats en temps réel et de nombreuses autres possibilités gratuitement.
Car la particularité du service, c’est de payer pour du contenu. Du point de vue de l’offre, c’est mi-figue, mi-raisin. Les tutos sont complets et intéressants, il y a eu peu de bugs de l’outil en lui-même sur la fin de l’année, les défis et événements ont bien eu lieu régulièrement mais… n’étaient disponibles que pour le public américain. Ainsi, si un joueur français voulaient profiter d’un double XP via des défis de clans, il fallait qu’il joue entre 23 h et 6 h (selon les événements et avec le décalage horaire) et ceux permettant de gagner des lots réels étaient carrément inaccessibles… aux Européens. Une honte ! Que dire d’ELITE TV, avec de nombreux programmes intéressants mais pour la majorité en anglais non-sous titrés…
Question DLC, c’était encore très inégale. Si les maps multi, les missions Spec Ops et le mode Chaos avaient un réel intérêt et pouvaient, à la limite, justifier l’achat d’Elite, il n’en était pas de même pour le mode Face Off. Ajout gratuit pour le mode en lui-même, une partie des maps étaient contenus dans les DLC, limitant l’intérêt aux joueurs non abonnés qui n'avait que deux maps! Pour le prix, on était en droit d‘attendre des modes de jeux plus poussés par exemple. Certains diront que des modes communautaires ont été ajoutés gratuitement. Oui. Mais comment peut-on imaginer jouer à un mode Infecté, plutôt sympa, mais sans aucun changement de l’apparence des soldats infectés ou de l’ambiance des maps pour ce mode de jeu ? Pour un gros joueur de MW, Elite ne représentait donc un intérêt que pour les économies faîtes sur les DLC. Le reste des fonctionnalités devant être gratuites.
V. Bilan
Le bilan de Modern Warfare 3 est donc assez salé. Si les joueurs n’ont pas eu à se plaindre de bugs et autres glitchs (grâce à la connaissance parfaite du moteur par les développeurs), le seul élément du jeu n’ayant pas vraiment déçu est le solo. Signé par le studio original, Infinity Ward, il prouve que bien qu’amputé des penseurs, ils peuvent proposer de bons jeux, courts mais sympa. Le multi, bien que pétri de bonnes idées, a été sabordé involontairement par Sledegehammer Games qui n’a pas capté l’essence de la saga en modifiant ce qui ne devait pas l’être. La prise de risque était trop importante puisque finalement les joueurs de MW3 ne s’amusent pas autant qu’avec MW2 et BO.
Call of Duty Elite, enfin, frôle l’arnaque pour les joueurs européens avec une partie des spécificités inaccessibles. Le contenu in-game mensuel, finalement très moyen, montre les limites des DLC : ca rapporte pour l’éditeur mais le contenu n’est pas bon, pas assez régulier qualitativement et donc très vite oublié et critiqué par la communauté. Ce qui n’est pas le but puisque ces mêmes joueurs achèteront le suivant… avec méfiance.
Le suivant justement, c’est Black Ops II de Treyarch. Désormais, c’est le studio phare de la série, les créateurs du mode Zombie, le mode de jeu qui fait de Call of Duty un succès. BOII sera donc 3 jeux, pour que tout le monde y trouve son compte. Partant dans un contexte futuriste peu exploité pour le moment dans les FPS grand spectacle, ils réveillent les envies des joueurs. Beaucoup sont sortis de la PGW emballé par un jeu identique au précédent pour ce qui concerne le gameplay, mais avec de bonnes évolutions comme les classes, l’histoire à embranchements ou le mode Zombie en open-world. La recette fonctionnera-t-elle encore ? Plus que ce soir à attendre pour le savoir.
FT Roro Le 14/11/2012 à 17:53 |
Merci ! Beau travail ![]() |
Oeil de Lynx Le 13/11/2012 à 09:05 |
Citation Bon analyse bien complete, j'ai vraiment aimer sauf le fait que tu n'as pas mentionner le role important, trop important de la connexion, en ce qui me concerne, temps de retard, lag. Sinon comme je l'ai dis bien fait, sans langue de bois, on sent le joueur derriere ![]() Comme l'a dit Xender, je mentionne le "lag compensation". Mais il est difficile de classer les problèmes des connexions puisque cela dépend des joueurs ![]() Citation emmenant avec eux ces fans aveugles, incapables de se faire un avis sur le jeu, suivant simplement l’avis populaire c'est vraiment prendre les joueurs pour des cons. Ah parce que ce n'est pas le cas ? ![]() Trêve de plaisanterie, c'est très caricaturale, je te l'accorde, mais c'est aussi très vraie. Je suis désolé, mais quand tu vois des joueurs se ruer sur l'abonnement Elite avec comme seul argument qu'ils économiseront sur les DLC, alors que ces mêmes DLC ne sont même pas présentés par Activision, je me dis qu'il y a un problème. Citation je suis passé à BF3 non pas parce que certains youtubers ont cassé CoD mais parce que j'en ai eu marre de payer un DLC le prix d'un jeu. Car il faut être honnête, Modern Warfare 3 n'est rien d'autre qu'un paquet de maps supplémentaires. Modern Warfare 3 aurait pu être une extension de MW2, oui. Après, libre à toi de ne pas te reconnaître dans ce cliché ![]() Mais au final, c'est exactement pareil pour BF3 hein. Leur abonnement Premium possèdent de grosses failles (ca a déjà beaucoup gueulé sur le artbook par exemple) mais masqué par des DLC variés et bien réalisés. Citation Activision a pourrit les CoD pour s'attirer plus de profits.Activision est le symbole d'un mal récurrent dans le JV : faire payer toujours plus. Faut faire avec car ca ne changera pas de sitôt ![]() Citation J'attends avec beaucoup d'impatience de voir se que Respawn Entertainment va nous pondre et j'espère pouvoir retrouver l'esprit des premiers CoDJe reste curieux également. Maintenant, je ne me fait pas trop d'illusions sur ce qui se passera après la sortie du jeu... |
Boris le Hachoir Le 13/11/2012 à 08:50 |
Une bonne synthèse du jeu, je suis on ne peut mieux d'accord avec cet article. Beau boulot de rédaction en tous cas, merci ! ![]() |
nzangel Le 13/11/2012 à 07:39 |
emmenant avec eux ces fans aveugles, incapables de se faire un avis sur le jeu, suivant simplement l’avis populaire c'est vraiment prendre les joueurs pour des cons. je suis passé à BF3 non pas parce que certains youtubers ont cassé CoD mais parce que j'en ai eu marre de payer un DLC le prix d'un jeu. Car il faut être honnête, Modern Warfare 3 n'est rien d'autre qu'un paquet de maps supplémentaires. Activision a pourrit les CoD pour s'attirer plus de profits. J'attends avec beaucoup d'impatience de voir se que Respawn Entertainment va nous pondre et j'espère pouvoir retrouver l'esprit des premiers CoD |
Xender61 Le 13/11/2012 à 00:05 |
Citation Bon analyse bien complete, j'ai vraiment aimer sauf le fait que tu n'as pas mentionner le role important, trop important de la connexion, en ce qui me concerne, temps de retard, lag. Sinon comme je l'ai dis bien fait, sans langue de bois, on sent le joueur derriere ![]() Si si on l'a dit, en parlant du "lag compnsation" notamment. |